Farines d’insectes
De l’autorisation à l’inquiétude du grand public
« Y a-t-il des insectes dans votre farine ? » la question peut sembler surprenante, mais de nombreux professionnels de la filière ont dû y faire face ces dernières semaines. En cause, l’autorisation fournie par la Commission européenne à la société vietnamienne Cricket One, lui permettant d’utiliser « de la poudre d’Acheta domesticus (grillons domestiques) entiers partiellement dégraissés » dans des pains, des biscuits, des pizzas ou encore des barres de chocolat.
L’émotion suscitée par une telle annonce, qui ne présume en rien de l’arrivée massive de tels produits dans l’alimentation française, témoigne de l’importante barrière culturelle qui demeure face aux ingrédients issus d’insectes.
Même si tout risque pour la santé humaine a été écarté par Autorité européenne de sécurité des aliments (European Food Safety Autority - EFSA), les denrées alimentaires incorporant de la poudre de grillons domestiques seront « étiquetées de manière appropriée » comme l’exige le règlement d’exécution 2023/5, en vertu des potentiels risques d’allergies pour les personnes présentant une intolérance aux crustacés, aux mollusques ou aux acariens.
Malgré l’étiquetage obligatoire, un effort de pédagogie s’impose
- Seule l’entreprise Cricket One dispose du droit de commercialiser cette farine, ce qui la limitera à un marché de niche. Néanmoins, face aux réactions de la clientèle et d’une partie des professionnels, un effort de clarification et de pédagogie se révélera indispensable pour pleinement rétablir la confiance vis-à-vis de la filière, où les produits sont à 100 % issus des grains et de ses dérivés. Cela se concrétise par plusieurs leviers d’action : En meunerie, communiquer auprès des artisans boulangers et transformateurs pour leur garantir la composition des farines, exempte de toute forme d’insecte. Un travail d’ores et déjà entamé par plusieurs entreprises, en réaction à de nombreuses sollicitations.
- En boulangerie, apporter des éléments de langage précis et efficaces aux équipes de vente sur la provenance des farines, réalisées à partir de blés 100 % français pour la plupart et approvisionnées auprès de fournisseurs de confiance.
Cela peut s’accompagner de supports de communication disposés en boutique pour établir une totale transparence sur la composition des farines mises en œuvre au fournil, tout en rappelant le périmètre limité de l’autorisation émise par la Commission européenne.