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ALIMENTATION

Petit déjeuner : un repas négligé par les collégiennes, avec de lourdes conséquences à l'avenir

Les habitudes alimentaires des nouvelles générations évoluent rapidement : non seulement la structure des repas change, avec la montée en puissance du snacking, mais également leur fréquence. Ainsi, le petit déjeuner se trouve remis en question par une conjonction d'éléments : manque de temps ou d'appétit, faible sensibilités aux fondamentaux de l'équilibre alimentaire, volonté de maîtriser son poids... les jeunes collégiens n'hésitent plus à faire l'impasse sur ce repas. Une tendance d'autant plus marquée chez les filles, avec un renforcement observé entre les classes de 5è et de 3è. L'étude "Comprendre en profondeur les habitudes des collégiennes à l’égard du petit déjeuner", réalisée par Ipsos pour la Fondation d’entreprise Lactel et publiée en octobre 2023, apporte de précieux enseignements sur ces comportements alimentaires qui revêtent une importance capitale pour la filière blé-farine-pain : le petit déjeuner demeure un moment privilégié pour consommer du pain, des viennoiseries et autres produits associés.

Le petit déjeuner, un repas souvent considéré comme optionnel

En 2019, le Crédoc nous rappelait qu'un enfant sur cinq sautait le petit déjeuner. La tendance ne s'est pas inversée 4 ans plus tard : en 2022, une étude IFOP nous informait que 15% des jeunes filles, scolarisées en classe de 3è, ne prenaient jamais de petit déjeuner... alors qu'elles n'étaient que 1% à le faire en 6è. C'est à la fin de la 5è que ces adolescentes "décrochent", avec une baisse progressive du nombre de repas matinaux pris chaque semaine : la moyenne passe de 4,6 en 6è et 5è à 3,7 en 3è. A l'inverse, les garçons demeurent bien plus réguliers dans leurs habitudes, avec pas ou peu de variation.

Face aux autres impératifs à prendre en compte au réveil, le repas semble peu important : ainsi, le sommeil est privilégié, ainsi que l'habillage (pour 82%) et la coiffure (pour 73%). Ce n'est pas le seul frein : la pratique des régimes tend à se répandre. 18 % des collégiennes déclarent ainsi être au régime ou avoir déjà suivi un régime. Dès lors, le petit déjeuner n'est plus envisageable, malgré les efforts des parents pour encourager une alimentation régulière et équilibrée : leurs propres habitudes se révèlent particulièrement importantes dans le développement des pratiques des jeunes. En effet, 51% des collégiennes interrogées prennent parfois, rarement ou jamais de petit déjeuner en semaine. Un taux qui monte à 67% dans les foyers où les parents ne consomment eux-mêmes ce repas que de façon intermittente. Face aux difficultés pour inciter leurs enfants à s'alimenter de manière régulière et équilibrée, les stratégies déployées par les familles peuvent différer : entre respect des difficultés (manque d'appétit, stress...) et de l'autonomie des jeunes et mise en place de stratégies pour les accompagner (soin de la qualité des produits et du facteur plaisir, préparation en amont...), l'effort des parents devient un véritable jeu d'équilibriste.

Des produits consommés rapidement, avec une qualité nutritionnelle discutable

Le temps consacré au petit déjeuner (80 % des jeunes filles prennent ce repas en moins de 10 minutes en semaine) est un sujet au moins aussi central que la composition du repas : ce dernier est souvent vu comme les collégiennes comme un moment pouvant engendrer une prise de poids, de par la concentration de mets sucrés. C'est en effet le cas quand des aliments de longue conservation ou à la consommation rapide sont sélectionnés : le bol de céréales est plébiscité par près de 1 collégienne sur 2, de même que les viennoiseries (43 %). Le pain (36 %) ainsi que le beurre et la confiture (26 %) sont les aliments les moins prisés, de même que les boissons chaudes telles que le thé, le café ou le chocolat (25 %). Pourtant, les qualités du pain artisanal, fabriqué à base de longues fermentations et de levain naturel, pourraient apporter l'énergie durable nécessaire pour suivre une matinée de cours "Après le jeûne de la nuit, le petit déjeuner est le moment de recharger ses batteries. Il faut donc privilégier les apports en protéines, mais également en sucres naturels, en graisses non hydrogénées et en fibres. Il n’y a pas de modèle unique. Des œufs au plat accompagnés de tartines de pain au levain naturel, de laitages et de fruits frais ou secs conviennent parfaitement.", rappelle le Dr Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste ancien attaché à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Le week-end, ce sont au contraire des repas copieux, voire très cuisinés, qui sont consommés : pancakes, oeufs brouillés, pâte à tartiner, gaufres... le plaisir redevient une valeur cardinale, en négligeant souvent toute considération diététique.

Renforcer la pédagogie pour assurer la fidélité future des consommateurs

Plus que jamais, la pédagogie est fondamentale pour engager un changement positif et démontrer aux nouvelles générations l'intérêt que peuvent avoir des produits boulangers sains et fabriqués dans les règles de l'art pour leur équilibre alimentaire. Aujourd'hui, seule une collégienne sur 3 déclare avoir déjà été sensibilisée sur le sujet au collège. La Fondation d'entreprise Lactel se mobilise sur le sujet en déployant de nombreuses actions : partenariat avec le Secours populaire français pour favoriser un accès à un petit déjeuner équilibré pour tous les publics, jeu pédagogique Détective P’tit Déj’ téléchargeable gratuitement sur le site de la fondation, exposition immersive et itinérante "5 sens du petit déjeuner" et soutien à 5 associations engagées pour sensibiliser le grand public à l'intérêt de ce repas, souvent qualifié de "plus important" de la journée, c'est un dispositif complet et varié qui s'est installé au fil du temps. Les artisans boulangers ont également un rôle à jouer dans cet effort, en communiquant auprès de leur clientèle sur les bienfaits de leurs produits tout autant que sur des idées recettes pour donner une saveur particulière au petit déjeuner. Cela servira tout autant l'avenir des consommateurs que celui des entreprises de boulangerie, qui doivent parvenir à rajeunir leur clientèle pour survivre.